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Secret de Dame les Actualités sexy

Tenues sexy pour femmes et hommes féminins

Pourquoi les mâles poilus nous font ils fantasmer ?

Pourquoi les mâles poilus nous excitent

Walerian Borowczyk, dont le film le plus connu, «La Bête», a été projeté ce samedi 4 mars au Centre Pompidou, se voit offrir une rétrospective. L’occasion de se demander pourquoi la bestialité nous attire

Fracas de sabot, hennissements, atmosphère de rut. Dans la vaste cour des écuries d’un château, une jument frissonnante se fait monter par un noir étalon, dont les naseaux palpitent d’émotion. Scène d’ouverture inoubliable, celle d’un rituel. L’homme qui orchestre la saillie, absorbé par cette vision, partage avec intensité l’union sexuelle des bêtes. Il s’appelle Mathurin. Fils du marquis Pierre de l’Espérance, il est le dernier d’une lignée d’aristocrates déchus. Or, tandis que Mathurin s’abîme en recueillement devant la beauté animale, son père complote pour sauver la famille de la ruine.

Un «simple» accouplé de force à une riche héritière

Mathurin, ainsi qu’on le découvre très vite, est un retardé. Le marquis veut, «pour son bien», qu’il épouse la fille d’un riche Américain. Son oncle, le duc Rammondello de Balo, vieillard paralysé, s’y oppose : ce mariage arrangé est un meurtre programmé, dit-il. Mathurin est «trop innocent» pour survivre à une femme. Vaines protestations. La belle Américaine, accompagnée de son chaperon de tante, arrive au château. Tout est prêt pour le mariage, ou presque : on attend la venue du Cardinal de Balo, dont la bénédiction est la condition sine qua non du contrat matrimonial. Le Cardinal, bizarrement, refuse de venir. Par ailleurs, le château semble marqué par une malédiction : tous les deux siècles, une bête doit venir. La dernière fois, c’était il y a deux siècles. Un prêtre pédophile accompagné d’enfants de chœur et un serviteur africain très porté sur la fille du marquis compliquent, quoique à peine, cette comédie bourgeoise sur le thème du mariage de raison. Mariage fortement compromis par les fantasmes qui rampent dans l’ombre. Quand vient la nuit, la jeune promise s’endort et rêve d’une bête… Mais la bête, curieusement, n’est pas si brutale qu’elle en a l’air ?

La Belle et la Bête, version duel érotique

Dans ce huis clos savamment désorganisé, à mi-chemin entre l’Lingerie erotique soft et la satire de mœurs, la figure de la bête ressort paradoxalement comme celle d’une victime. Les humains qui s’entre-tuent pour de l’argent se révèlent bien plus féroces que les monstres aux grands yeux humides que Walerian Borowczyk renverse en figures de martyrs. Ce film sorti en 1975 (la pornographie est autorisée en France) fait partie des quelques rares perles d’un cinéma érotique qui entend filmer le plaisir dans la zone dérangeante de ce qui le fait naître, c’est-à-dire nos peurs et nos dégoûts. La bestialité, par exemple, est un puissant ressort de l’érotisme. C’est ce même ressort que Walerian Borowczyk fait jouer dans Docteur Jekyll et les femmes (son meilleur film, à mon sens) qui se déroule lui aussi en huis clos, tout au long d’une nuit durant laquelle une très belle jeune femme se battra en duel avec le «monstre» dont elle est amoureuse (1). S’inspirant de la Belle et la Bête, Borowczyk met souvent en scène la passion qui lie des êtres en apparence très différents. La femme et l’homme, l’humain et le monstre. Mais qui est le plus monstrueux ? Celui dont le corps est recouvert de poils ? Non, c’est le contraire, semble répondre le cinéaste, qui réfute l’association poil-mal.

Le poil, n’est pas forcément le signe du mal

«Tout au long du Moyen-Age, la pilosité surabondante demeure le signe d’un débordement ou d’un excès qui peut, dans certains cas, conduire à la démence ou à des conduites anomiques. Dans l’art roman, le diable et les démons étaient perçus comme des êtres velus ou grimaçants et un lien s’était établi entre la pilosité anormale et le péché.» Dans sa préface au livre Du Poil et de la bête l’historien André Vauchez souligne que cette vision binaire du monde qui oppose strictement l’homme à l’animal (le bien au mal) laisse progressivement place, en Occident, à une plus grande marge d’interprétation : l’animal, au fond, n’a-t-il pas lui aussi la capacité de souffrir et de désirer ? Dans la culture populaire, la figure de l’homme sauvage est d’abord celle d’un prédateur lubrique : il faut soit le tuer, soit lui mettre un anneau dans le nez comme on fait aux ours et aux taureaux. Mais, ainsi que le démontre brillamment l’historien Florent Pouvreau dans Du Poil et de la bête, ces représentations évoluent au milieu du XIVe siècle : l’homme sauvage fait l’objet d’interprétations plus nuancées et parfois même positives. Bien qu’il soit toujours représenté comme un être fruste, hirsute, et potentiellement violent, il pénètre la culture courtoise et figure sur les coffrets de mariage des dames de l’aristocratie comme un symbole des désirs que le chevalier se doit de contenir. Le poil symbolise désormais les désirs, brutaux, certes, mais authentiques, car à la différence de l’humain la bête ne ment pas…

Le poil, signe de fidélité et de sincérité amoureuse ?

A la fin du Moyen-Age, l’homme sauvage devient une figure de la fidélité amoureuse, «comme si son appartenance au monde de la nature, soulignée par la pilosité, constituait une sorte de garantie de sincérité, par opposition au caractère affecté ou hypocrites de la civilisation urbaine et de la vie de cour. (2)» Prenant le contre-pied des théologiens qui –de Saint Augustin à Thomas d’Aquin– assimilent le poil au vice, à la souillure, au stupre et au diable, les artistes de la dernière période médiévale insistent sur les multiples points communs entre les humains et les bêtes entre lesquels ils établissent tout un continuum de créatures sensibles et aimantes. Parmi ces créatures, les plus poilues sont d’ailleurs parfois représentées comme les plus saintes de toutes : il s’agit des anachorètes qui, dans la continuité de saint Jean-Baptiste, saint Onuphre et sainte Marie-Madeleine, portent leurs poils pour tout vêtement en signe de renoncement au monde. Ces êtres-là qui sont tout nus, couverts seulement de leur abondante chevelure sont littéralement sublimés par le poil, symbole de leur sacrifice et de leur radical dénuement. «Loin de constituer la marque du péché, la villosité apparaît désormais comme une manifestation divine en faveur du saint ou de la sainte dont la survie, au fond d’une forêt ou d’une grotte constitue aux yeux des fidèles un miracle permanent.»

Le poil, signe de sainteté ?

Devenir poilu et «sauvage», paradoxalement, c’est entrer en communion avec le Christ car seul l’être le plus rabaissé peut parvenir au plus degré de spiritualité : «les derniers seront les premiers». La forêt est associée à la solitude au sein de laquelle un humain peut rencontrer dieu. Par un retournement spectaculaire, porté à son comble autour de 1500, «la présence d’un pelage sur le corps des saints devient un moyen de les distinguer du commun des mortels et permet même de faire percevoir, à travers leur nudité à peine voilée par un duvet opaque qui souligne plus qu’il ne dissimule, la dimension érotique de l’union à Dieu dans le cadre de la mystique nuptiale. (3)» Pour comprendre Borowczyk il faut certainement se pencher sur la diversité symbolique des signes pileux qui renvoient autant à la peur de l’autre, qu’à l’attirance pour les qualités contradictoires qu’on lui prête. La bête, en Occident, n’est pas uniquement synonyme de pulsions ténébreuses qu’il faudrait anéantir mais d’une aspiration à l’existence idéale des créatures pures de toute corruption. Avec les bêtes, nous sommes au paradis.

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RETROSPECTIVE BOROWCZYK : Du 24 février au 19 mars, le Centre Pompidou consacre la première rétrospective française au grand cinéaste plasticien, Walerian Borowczyk, disparu en 2006. Une invitation à découvrir l’oeuvre singulière du réalisateur d’origine polonaise, du surréalisme à l’érotisme en passant par le cinéma d’animation. Au programme, 11 longs-métrages (Goto, L’île d’amour ; Contes immoraux ; La Bête…) et 26 courts-métrages projetés en présence de nombreux spécialistes de cet artiste hors du commun.

La Bête, 1975 (1h 45min), de Walerian Borowczyk, avec Sirpa Lane, Marcel Dalio, Elisabeth Kaza. Diffusé à la cinémathèque du Centre Beaubourg le samedi 4 mars. 20h.

A LIRE : Du Poil et de la bête, de Florent Pouvreau, éditions CTHS

POUR EN SAVOIR PLUS SUR LE POIL : «Comment se débarrasser d’un mari», «Freud et les poils de pubis», «La guerre des poils», «Tu peins du Nuou du A poil ?»

 

NOTE

(1) Le film porte aussi pour titre : Le Cas étrange du Dr Jekyll et Miss Osbourne (1981).

(2) André Vauchez, préface au livre Du Poil et de la bête, de Florent Pouvreau.

(3) Idem.

Article écrit par Agnès Giard pour Liberation.fr

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